Valence / Barcelone - le 21/06/2006 - 4eme jour

>> mercredi, juin 21, 2006

Mon périple touche déjà bientôt à sa fin, ce soir je serai en principe à Castelldefels, à 30 kilomètres au sud de Barcelone.
La nuit une fois de plus a été difficile, ce matelas est vraiment trop fin et après un certain temps dans la même position, il se tasse et je dors sur du dur. Cette nuit, à deux reprises j'ai eu la main paralysée, depuis le départ, j'ai des problèmes de circulation dans les mains, des fourmillements etc, et ça s'aggrave de jour en jour. Même malgré ma journée de repos, le problème persiste.
Lorsque je me lève, je vois que le cycliste qui a dormis dans l'allée en face de moi est en train de plier son camp. Je vais à sa rencontre, il m'apprend qu'il vient de Perpignan et compte aller jusque Alicante, il a déjà souvent voyagé à vélo (France / Pologne à plusieurs reprises). Il me renseigne sur ce qui m'attend, Je vais souffrir à Castelldefels, c'est presque de la montagne. Je lui prête mes cartes au 1/200.000, je n'en ai plus besoin pour mon voyage, j'espère qu'il me les renverra par la poste. Je lui conseille le camping à Vinaros, on s'échange nos adresse, et on reprend nos routes respectives.
Je roule sur la nationale, je n'ai pas d'alternative, plus tard peut-être j'aurai l'occasion de suivre la côté, mais là, il faut que j'avance. Je roule pendant 35 kilomètres, et j'arrive à Torredembarras. J'ai à peine fait 1/3 de ce que je dois faire aujourd'hui, et je suis déjà crevé. L'avantage de la nationale, c'est que j'avance vite, je roule depuis à peine 1h30. Je pourrais être à destination dans 4 ou 5 heures.
Je décide de quitter la nationale quelques instants pour reprendre mon souffle et lorsque j'arrive à la plage, je vois deux des trois cyclistes rencontrés à la gare avant-hier. Je continue jusque à la plage (quelques dizaines de mètres plus loin) et arrivé à destination je la trouve terriblement inintéressante, vide, déserte, pas le moindre petit chemin, rien à boire... bref, je fais demi tour et décide d'essayer de rattraper les deux cyclistes. Je me perche sur un pont afin d'avoir la meilleur vue possible, mais ils ont disparus. Je remonte donc sur la nationale et continue mon ascension vers le nord-est. Quelques kilomètres plus loin, alors que je lève le pied pour reprendre mon souffle, je me retourne et voit les deux autres me rattraper. On s'arrête tous les trois sur la nationale, le temps de se serrer la main, et on se remet à rouler. Chacun à son tour tire le peloton, c'est bien plus motivant d'avancer à plusieurs. L'un se met devant, prend le vent et tire les autre après un certain temps, il se décale, le deuxième prend sa place pendant et tout le monde se décale. Ainsi, chacun a droit à un petit repos, et on avance à toute vitesse (30 km/h de moyenne). On avance tellement bien qu'ils ratent la sortie où ils devaient rejoindre leur copain. On se renseigne, on est 4 kilomètres trop loin, dont deux belles côtes d'un kilomètre. On fait demi tour, on cherche la plage et on y arrive après avoir tourné un peu.
Arrivé à la plage, on fait les présentations, Luigi est italien, Tom et Smoke sont polonais. Ils habitent tous les trois à Londres. Tom est marié à la soeur de Luigi. Tom et Luigi travaillent ensemble pour une grande banque, Smoke (qui traduit du polonais au français veut dire dragon) est guitariste flamenco. J4airais plutôt dit hard-rockeur, il est assez baraqué et les deux tresses dans son bouc lui donnent un air un peu sauvage.
Tom nous a trouvé une plage fantastique, on se réfugie sous un lot de palmiers, on va manger des calamars fris, boire un verre et on retourne se planter sur la plage, ils choisissent le soleil, je reste à l'ombre des palmiers. Qu'est-ce qu'on est bien !
Tom est diabétique, c'est une maladie très contraignante, surtout quand comme lui on ne l'a que depuis deux mois. Il doit sans arrêt reprendre son taux de sucre, toujours contrôler, ça varie en fonction de la température, de l'activité, de l'humidité, etc.... Lorsqu'il fait du sport, il doit prendre de très grandes quantité de sucre, et bien sur faire des injections en conséquence. Le climat espagnol auquel il n'est pas habitué n'arrange rien. Il a fait une crise il y a deux jours à cause d'un petit excès d'alcool, c'est pour ça qu'il attendait Luigi et Smoke ici. Ils arrêtent de rouler pendant les heures les plus chaudes à cause de sa maladie, et se remettent en général en route vers 18-19h. Je décide de rester avec eux, ils vont aussi à Castelldefels et l'ambiance est meilleure avec eux. On rattrapera le retard ce soir.
Vers deux heures, j'apprends par Luigi et Tom que Smoke a fait une touche avec une fille sur la plage, il est sur un plan soirée. Peut-être qu'ils n'iront pas à Castelldefels ce soir, ils iraient plutôt à Vilafranca avec la fille pour une "Party". Ils me proposent de les accompagner. J'hésite, je dois être à Barcelone demain, je dois aller chercher ma caisse pour emballer le vélo dans l'avion, puis aller à l'aéroport. En plus je n'aime pas les soirées en général, surtout si c'est en anglais & espagnol. On décide d'aller manger un morceau tous ensembles, et on se décidera après. Ils mangent une paella, j'opte pour une salade. Finalement, je décide de reprendre la route, je dois avancer. Je les quitte donc avec beaucoup de regrets, ils me précisent que je suis le bienvenu à Londres, et bien entendu ils sont les bienvenus à Hoegaarden. On s'échange les adresses e-mails (Luigi, I've lost you e-mail address, please contact me back).
Je reprend la route en direction de Castelldefels, du moins c'est ce que je crois... en fait je suis la nationale alors que je devais bifurquer, bref, je remonte trop au nord et m'engage entre deux montagnes. Je m'en rend compte 20 kilomètres trop loin, je ne veux pas faire demi tour ! Bon, pas le choix, je continue, je tournerai plus tard. Arrivé à Vilafranca, j'ai un pensée pour mes amis qui feront la fête ici ce soir. C'est le moment de quitter la nationale, et je redescend vers Sitges. J'ai eu beaucoup de chance dans mon malheur, ça descend presque tout le temps, il y a deux tunnels heureusement, et la route est très belle. Petit paysage montagnard. Les routes sont trop étroites pour le trafic qu'il y a, mais les automobilistes espagnols sont prudents et patients, merci à eux. Avant d'entrer à Sitges, j'ai encore une très grosse côte à escalader, je sue, je rage, mais j'avance.
Le plus dur reste à faire, comme me l'a dit mon homologue ce matin, il faut escalader pour accéder à Castelldefels, et la salade que j'ai mangé à 3h est déjà partie depuis longtemps. J'engloutis quelques "dextro -energy" - même si c'est psychosomatique ça pourra me faire que du bien - et je me lance dans l'acension. Le paysage est fantastique ! Parfois 10 mètres au dessus de la mer, parfois 100, je suis toujours à flan de falaise, du côté vide, pas du côté montagne, et les espagnols sont radins en rambardes; si par malheur un automobiliste me touche, je plonge, et il y a beaucoup d'automobilistes à cette heure. Oui, bien sûr, ils sont toujours aussi prudents, mais ça fout quand même les boules. C'est dans ces moments là qu'on se dit qu'on doit profiter de la vie au maximum, parce qu'elle peut cesser à tout moment.
Entre deux côtes, je prie donc, et reprend des forces avec mes petites dragées miracles. Il n'y a pas moyen de s'arrêter, pas de parking, pas de dégagement, juste deux bandes de circulation. J'aurais pourtant bien aimé faire quelques photos.
Après plusieurs kilomètres, je suis surpris d'arriver à Castelldefels, sur la carte ça semblait plus loin. Tant mieux, je vais enfin pouvoir me reposer, il faut vite que je trouve une banque, et je pourrai aller au camping. La banque est assez facile à trouver, ce n'est pas le cas du camping, j'ai encore traversé la ville pendant plus d'une heure dans différentes directions et dans le noir pour trouver un des 3 campings de la ville. Comme si je n'étais pas assez épuisé, l'entrée est sur la nationale, et je n'ai pas de phare, impossible d'entrer par là! J'y entre donc par la plage. Je suis à bout de force, et dois encore traîner mon vélo qui s'enfonce dans le sable sur 500 mètres, c'est épuisant. Je trouve facilement la réception, et on m'indique ma parcelle.
Le camping est le plus cher du voyage, il pue à cause des eaux stagnantes environnantes, il y a ni électricité , ni eau chaude dans les douches, et pour combler le tout, il est situé dans l'axe d'atterrissage des avions. L'aéroport est à 1 ou 2 kilomètres d'ici à en juger à la hauteur des avions. Ca fait un bruit d'enfer. Bref, je m'endort mort claqué mais heureux de l'avoir fait, et très fier de moi.

Voici le parcours du jour

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